Auteur : Arnaud de la Grange
Résumé :
Le huitième soir est un Roman qui traite de la fin de la bataille de Dien Bien Phu. L’auteur, né en 1965, grand reporter au Figaro, fut chargé de mission au SGDN a dirigé plusieurs ouvrages de polémologie et analysé la guerre comme un phénomène d’ordre social et psychologique. Il nous livre ici son deuxième roman, dont le thème reprend la bataille de Dien Bien Phu :
Il présente, un officier de 26 ans d’un bataillon de parachutiste, en fin de séjour qui est sur le point d’être rapatrié en métropole et décide de se porter volontaire pour sauter à Dien Bien Phu, sachant que c’est un « aller sans retour ». (Bigeard) Il analyse les raisons de sa décision dans un instant de répit alors qu’il vit avec un groupe de para l’enfer de la bataille.
Largué dans la vallée, il se retrouve sur un des points d’appui et montre les horreurs d’une guerre et la fraternité des armes qui va jusqu’au sacrifice (Blessure, Dr Grauwin) ! Quelle est la raison qui a pu l’amener à comparer l’honneur à la fuite. Sa réflexion lui permet de se pencher sur son passé. Il pense :
– sa mère, sa vie de femme et le souci de pudeur dont elle faisait preuve devant la douleur jusqu’à sa mort,
– aux motivations qui lui ont fait choisir la carrière des armes,
– à ses amours enfuis.
Il s’approche de la position philosophique des pensées de Pascal (l’homme sans dieu), et de la culture occidentale notamment de Voltaire (l’homme face à lui- même). IL conclut, « C’est pour nous au fond que nous nous battons. Par fidélité à une idée que l’on se fait de la vie, de nous- mêmes, de l’honneur ». L’originalité de l’histoire est adaptée au contenu du récit. La poésie du monde et l’oubli de soi transparaît dans la présentation des émotions vécues, la fraternité est bien mise en valeur et suscite l’émotion. L’attitude psychologique des acteurs renforce les propos, « par la quête de sens, au milieu de l’absurde ».
Le style est souvent emphatique. Par exemple, il fait dire à Pauline sa maîtresse métisse une phrase pleine de musicalité (Allitération des sons « S «par la répétition de consonnes, et l’envolée lyrique de la fin de la phrase) « Ce n’est pas de sang que je suis métisse, je le suis de culture et de rêves », un peu plus loin il lui fait dire comme un hymne à la vie : « fais-moi vivre ».
Enfin, les descriptions sont claires et bien rythmées.
L’éditeur Gallimard est le gage d’un roman sérieux et bien construit. Il emporte notre adhésion qui oppose un certain lyrisme aux duretés de la situation vécue.
Prix CNEI-ME 2019.