Madame,
Ce mot contient en lui-même tout le respect que nous sommes nombreux à
ressentir à votre endroit, mais ne donne cependant pas la nuance
formidable que porte votre prénom lorsque les Français parlent de vous :
Geneviève de Galard. Bien sûr, alors, Madame de Heaulme y retrouve toute
sa pleine expression de dimension mondiale. Et nos larmes depuis
l’annonce de votre décès sont l’un des témoignages de cette quasi
universalité de votre personne à travers votre vie.
Je ne reviendrai pas sur tout ce qui a été votre implication dans les
évènements mondiaux auxquels vous avez participé : la presse, elle aussi
concernée par votre disparition, et tous vos innombrables admirateurs,
s’en chargeront. Non, ce n’est pas dans nos seules possibilités de
relater et découvrir toute cette époque dans laquelle votre présence et
votre action participative unique a inscrit votre nom au même niveau de
notre histoire de France, que cette autre Geneviève que le temps présent
met sur une montagne et en fait à tous les titres une grande école .
Je m’inscris donc dans la part de ceux qui, vous ayant approchée,
anonymement mais admirativement, vous ont voué ce que l’on pourrait
presque désigner comme une dévotion, car vous êtes devenue l’Ange de
Dien Bien Phu.. Et cette position admirable, remarquable, et donc
reconnue du monde entier, vous l’avez acquise par le nombre considérable
d’hommes que vous avez su accompagner dans le franchissement de la vie à
la mort, par votre aide reconnue de tous à favoriser cette nécessaire
croyance de l’être humain à accepter d’aller au-delà du Styx découvrir
ce qu’est cet au-delà. Vous avez tenu la main de ces pauvres héros qui
avaient pour dernier appui votre main secourable, et pour dernier
contact affectif votre présence apaisante, votre sourire illuminé, vos
paroles de paix et d’espérance, votre foi inébranlable dans le Père
Eternel et dans l’Esprit Divin qui anime les Anges.
Ainsi est né cet Ange de Dien Bien Phu, ainsi est vénérée cette grande
Dame que vous êtes, et ainsi restera dans nos mémoires Geneviève de
Galard, née pour être une femme de France comme il y en a tant,mais qui
est devenue une légende en elle-même. Car il est reconnu que lorsque la
légende s’impose aussi fortement en appui de la vérité, il faut savoir
garder la légende qui confirme la vérité.
Vous êtes, vous aussi, plus grande que la vérité de cette Indochine
consacrée par tous ces morts qui y tombèrent ; vous êtes cette Légende
vivante dans vos actes qui ont fait vivre votre propre vérité : « à Dieu »
comme vous l’avez vous-même écrit dans vos dernières volontés de votre
dernier adieu, ultime au-revoir à ce monde dans lequel vous avez pris
une si grande et belle place.
Gérard -Y. CAHIER
ACUF- Association des Combattants de l’Union Française.