Cérémonie du 11 janvier 2020 – Section de Marseille

 Posté le 14/02/2020 à 14:20

La cérémonie à la remise des insignes de Grand Officier de la Légion d’Honneur au Colonel (h) André BOISSINOT, Vice-Président de Section ACUF de Marseille s’est déroulée au Mess de Garnison (Fort GANTEAUME ou Bas Fort Saint Nicolas) par le Général d’Armée Maurice SCHMITT, ancien Chef d’Etat Major des Armées, ancien de Dien Bien Phu, Grand Croix de la Légion d’Honneur, en présence du Général de Corps d’Armée Benoît HOUSSAY, Gouverneur Militaire de MARSEILLE et de Madame POLECHETTI représentant le Préfet de Région.

Allocution du Général d’Armée Maurice SCHMITT :

Mon colonel

Il n’est pas courant qu’une promotion des Ecoles de Saint Cyr – Coëtquidan choisisse comme parrainage le nom d’un combat au cours duquel une unité de notre armée se soit héroïquement distinguée. C’est pourtant le cas des défenseurs du poste de DAK DOA, situé au Sud Annam dans la région de Pleiku, qui ont été honorés en 1987 par une promotion d’élèves officiers. Ces défenseurs, vous les avez commandés dans la nuit du 16 au 17 février 1954.

En 1954 nous vivions les derniers mois de la guerre française d’Indochine. Nos forces avaient occupé l’aérodrome de Dien Bien Phu mais les assauts des divisions Vietminh n’avaient pas encore commencé. Sur les hauts plateaux du Sud Annam au contraire les combats étaient rudes et fréquents. En février les unités régulières Vietminh reçurent l’ordre de s’emparer du poste de DAK DOA que défendait une demi-compagnie du 2ème bataillon de Corée aux ordres du sous-lieutenant Tougeron. Le lieutenant Boissinot fut désigné pour le relever et rejoignit le poste le 16 février avec une journée d’avance.

En début de nuit du 16 au 17 février nos adversaires déclenchèrent l’attaque du poste avec pratiquement deux régiments très bien équipés. Le sous-lieutenant Tougeron fut tué au début des combats et le lieutenant Boissinot prit le commandement. Le 17 à l’aube les combattants Vietminh, aux prix de très lourdes pertes abordaient les murs d’enceinte du poste dont la garnison amoindrie se trouvait à court de munitions. Le lieutenant Boissinot savait qu’il ne pourrait être secouru à temps par le gros du bataillon. Il décida alors de causer le maximum de pertes à ses adversaires avant de cesser les combats et demanda à l’artillerie de tirer sur le poste lui-même. Effectivement les pertes adverses furent considérables. Plusieurs milliers d’hommes. Mais à l’aube le poste tombe et pour les survivants de la garnison débute une longue marche vers les camps du Nord-Annam.

Certains comme le lieutenant Boissinot tentèrent de s’évader. Mais c’est l’échec. Au total c’est lorsque le cessez le feu général intervient en août que les quelques survivants de DAK DOA furent libérés. Libérés dans un état physique tel qu’il leur fallut des mois voire pour certains des années pour reprendre une vie et une carrière normale.

J’ai voulu souligner l’importance du combat de DAK DOA et le mettre en exergue. Mais, en fait, c’est à 15 ans que le jeune Boissinot commença à servir la France dans les groupes de résistance de la région de Cholet. A la libération il s’engagea à l’école de Saint Maixent avant d’être reçu à l’Ecole d’officiers de Saint Cyr – Coëtquidan.

Il choisira de servir dans l’infanterie coloniale et sera affecté à la 1èredemi-brigade parachutistes coloniaux dans un bataillon prévu et entrainé pour servir en Indochine. Sa candidature sera cependant retenue pour participer à un détachement de relève du bataillon de Corée. Il participera ainsi aux derniers combats de la guerre de Corée avant le cessez le feu de 1953.

Le bataillon de Corée dédoublé sera alors affecté en Indochine et engagé sur les hauts plateaux du Sud Annam. C’est ainsi qu’après plusieurs accrochages meurtriers le lieutenant Boissinot prit dans la nuit du 16 au 17 février 1954 le commandement du poste de DAK DOA et résistera avec deux sections du bataillon de Corée à plusieurs centaines d’adversaires comme je l’ai rappelé il y a quelques minutes.

De retour en France vous retrouvez, mon colonel, les parachutistes coloniaux à Mont de Marsan avant de faire valoir vos droits à la retraite sans pour autant cesser de servir jusqu’à assurer pendant trois ans le commandement d’un régiment de réserve, le 8ème Rima alors même que vous occupiez des fonctions importantes dans une société pétrolière où vous poursuiviez une seconde carrière.

Votre conduite au combat en Corée et en Indochine sera récompensée par des décorations américaines, coréennes et bien sûr françaises dont deux citations à l’ordre de l’Armée. Vous aurez été blessé cinq fois. Chevalier de la Légion d’Honneur à 25 ans vous recevrez plus tard les insignes de commandeur que vous remettra le général Goupil il y a quelques années.

Aujourd’hui c’est à la dignité de grand officier que je vais avoir l’honneur d’élever le grand soldat que vous avez été.

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