Posté le 22/07/2021 à 11:15
Allocution du Président national le 8 juin 2021 à l’occasion du depot de l’urne en Mairie de Liévin.
- Monsieur le Maire,
- Messieurs les élus,
- Monsieur le Délégué départemental des Médaillés militaires,
- Messieurs les Présidents d’associations,
- Messieurs les porte-drapeaux.
Chers Amis,
En ma qualité du président national de l’Association des Combattant de l’Union Françaises connue sous le vocable ACUF, c’est pour moi un immense honneur d’accompagner cette urne au sein de la Mairie de Liévin où elle sera protégée et rappellera à tous le sacrifice de ces soldats « Morts pour la France » dans cette guerre aussi lointaine que meurtrière.
Les enfants de Liévin ont payé un lourd tribut à cette guerre. 17 y ont laissé leur jeunesse. Il n’est pas courant de trouver dans une ville 2 rues à la mémoire des combattants d’Indochine. Ce n’est surement pas un hasard, à l’instar de ces combattants, les habitants de Liévin ont connu la rudesse du travail à la mine et la douleur à l’occasion des accidents, particulièrement lors de la tragédie de décembre 1974 ou 150 mineurs périrent au fond de la mine.
Alors Monsieur le Maire, au nom de tous nos adhérents, je vous adresse un chaleureux remerciement ainsi qu’à toute la municipalité et aux habitants de Liévin pour l’accueil de cette urne au sein votre mairie, sans oublier les personnes qui ont contribuées à la réalisation de cette cérémonie et les services techniques qui ont réalisé sa superbe mise en valeur.
Je vais maintenant vous faire la chronologie des mois qui ont précédé la chute de Dien Bien Phu compte tenu que l’urne contient des fragments retrouvés sur le site du monument érigé dans la cuvette de Dien Bien Phu à la mémoire des combattants qui y sont tombés.
La décision de créer une base aéroterrestre à Dien Bien Phu est prise par le général Navarre, alors commandant du Corps Expéditionnaire Français en Extrême Orient, le 14 novembre 1953 dans le but de couper la route du Laos aux troupes communistes du Vietminh.
Le 20 novembre 1953 à 16h, c’est l’opération Castor, 3 bataillons de parachutistes et un élément d’artillerie légère sont parachutés et prennent la possession du terrain avec sa piste d’atterrissage, en 3 jours 5100 hommes et 240 tonnes de matériel sont largués sur le terrain. Les hommes établissent le camp retranché, les positions qui l’entourent sont baptisées de noms de femmes : Isabelle- Huguette- Eliane etc.
Le 08 décembre 1953 le colonel de Castries prend le commandement de la base.
Le 25 janvier 1954 c’est l’ouverture de la conférence de Berlin en vue d’établir la paix.
Le 18 février 1954 la conférence est un échec mais décide d’une nouvelle rencontre à Genève le 26 avril suivant.
Le 13 mars vers 16 heure, commence la première attaque par le Vietminh sur le camp retranché, elle est soudaine et violente, 4000 obus en 24 heures tomberont sur la cuvette de Dien Bien Phu, dans la nuit le point d’appui Béatrice tombe suivi du point d’appui Gabrielle le 15 mars.
Le 16 mars le 6° bataillon de parachutistes coloniaux avec à sa tête le commandant Bigeard est largué sur la cuvette, sa réputation redonne courage aux combattants, malheureusement il est déjà trop tard, les points d’appui tomberont les uns après les autres.
Dans la nuit du 27 au 28 mars un Dakota se pose avec beaucoup de difficultés, à son bord Geneviève de Galard convoyeuse de l’air, le réservoir à huile de l’avion est endommagé, il ne redécollera pas et au matin du 28 il est détruit par l’artillerie ennemie avec les conséquences que nous connaissons, plus aucun avion ne pourra atterrir sur la piste de Dien Bien Phu.
Le 30 mars des trombes d’eau transforment le camp retranché en un gigantesque bourbier, Giap en profite pour lancer une seconde offensive sur les points d’appui restants qui seront neutralisés à l’exception d’Eliane 2 qui résistera pendant 107 heures.
Le 10 avril les paras du commandant Bigeard appuyés par le 1er bataillon étranger de parachutistes tentent de reprendre Eliane 2 après plusieurs heures de corps à corps, dans la boue, la position est reprise, la bataille des 5 collines est une demie victoire pour le Vietminh.
Le 1er mai 1954 plusieurs heures de bombardement par l’artillerie ennemie annoncent le signal de la 3° attaque sur le camp retranché, sans relâche jusqu’au 7 mai à 8 heure ou la totalité des points d’appui est neutralisée, tout espoir est définitivement perdu, à 17 heure l’ordre de détruire les armes et le matériel est donné et à 17h30 le silence de la plus cuisante défaite de l’histoire de l’armée française s’abat sur Dien Bien Phu.
10000 hommes sont fait prisonnier, seul 3000 en reviendront.
17 bataillons comptant parmi les meilleurs du corps expéditionnaire ont été anéantis.
Les blessés les plus graves auront si on peu dire la « chance » d’être rapatriés en France par bateaux, le voyage durera plusieurs semaines et l’accueil qui leur sera réservé à Marseille par une certaine catégorie de personnes soutenues par un parti politique, sera odieux : insultes crachats etc. etc.
Pour les autres blessés et les 10 000 prisonniers, commence alors une marche de 600 kms, pieds nus, dans la jungle, l’humidité et la faim, elle durera 6 semaines, ils sont épuisés, fatigués physiquement et moralement, beaucoup meurent avant d’arriver dans des camps disséminés dans la végétation tellement dense qu’il n’y aura pas besoins de barbelés, toute tentative d’évasion est vouée à une mort certaine. Je vous passe les conditions de vie horribles, les maladies, les traitements des viets d’un sadisme inouï, avec moins de 300g de riz par jour, 75% des prisonniers mourront. Tout cela au mépris total des conventions de Genève.
Les camps sont numérotés, certains affiche des records de mortalité, 74% pour le camp numéro 5 et 85% pour le camp 113 ou sévit un tristement célèbre commissaire politique français BOUDAREL ou 278 prisonniers sur 340 moururent au cours des 8 premiers mois de 1953. Du reste, ce triste individu ne sera jamais inquiété par la justice française et terminera sa carrière civile en qualité d’inspecteur général de l’éducation nationale. La création d’une association des anciens du camp 113, afin de se porter partie civile et obtenir sa condamnation n’y fera rien !!! Je vous laisse le soin de méditer sur ce point…….
Au final, ces guerres d’Indochine auront coûtées la vie à 100 000 soldats français et 40 000 prisonniers dont seul 10 000 survivront. Quel désastre….
Il faudra attendre un demi siècle pour que justice leur soit rendu, mais le temps n’efface pas la valeur ni la dignité de nos combattants, ils ont pris place dans notre histoire avec un grand H aux cotés des plus braves…..
Honneur aux combattants d’Indochine.
Marceau MARTIN